Un différend de 100 hectares oppose les éleveurs du village de Ballabougou et la Commune de Nguéniène qui a procédé à la délibération du seul espace qui leur restait pour faire paître leurs troupeaux, en faveur du Projet Produmel. Ils ont tenu un point de presse pour s’insurger contre cette décision administrative et demandent au Président Macky Sall de les aider à sauvegarder l’unique réserve de pâturage qu’il leur reste.
La tension est à son paroxysme entre les éleveurs du village de Ballabougou et leur municipalité de tutelle, Nguéniène. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la délibération, au profit du Projet Produmel, de 100 hectares constituant la seule réserve foncière qui leur reste pour la faire vivre leur bêtes. Cet espace est pour les pasteurs leur seul moyen de survie à l’heure actuelle. Dans ce cadre, ils avaient déjà entamé un combat à travers une pétition signée par les habitants de la commune. Mais face à l’ignorance de la municipalité, ils ont décidé d’opposer une résistance farouche sur le terrain à l’exploitation agricole de cette zone. Le porte-parole des villageois estime que cette situation qui est à sa troisième phase est le sommet d’une tentative de désappropriation de leurs terres à des éleveurs qui n’ont cela pour vivre. « Nous n’en pouvons plus. Le village de Ballabougou qui a gardé le seul site de pâturage après avoir été délesté de deux sites dont 105ha en première partie et 50 ha dans la deuxième phase est en danger », a renseigné Mbagnick Thiaré. Il précise : «Comme cela ne suffit pas, la municipalité tente un coup de grâce par la cession de 100ha qui reste dans la zone. Jamais nous n’allons accepter cela ».
Pour sauvegarder leur espace, ils comptent sur le soutien du Président de la République. A les en croire, la seule solution demeure l’érection de la zone en ranch pour empêcher à la municipalité de Nguéniène de réussir son projet de les chasser de la zone. Cela permettrait garder ce périmètre qui sert à accueillir les troupeaux durant la saison des pluies et d’éviter des divagations qui sont souvent sources de conflits dans la zone en période d’hivernage.
Dans le même ordre, les jeunes ont profité de l’occasion pour nier les allégations du chef de village qui aurait soutenu récemment les villageois avaient donné leur accord pour l’installation du projet. Pour eux, Amadou Ka qui est un employé du projet agricole de Produmel, plus précisément au niveau du champ de Soussane où il est vigile, les jeunes jugent qu’il plaide sa propre cause dans cette affaire. Pour Mbagnick Thiaré, lorsqu’une autorité locale défend ses propres intérêts au détriment de son peuple, il n’a plus aucun mérite d’autant plus qu’un dicton a dit « à un magistrat injuste, on ne salut que la robe ». Il estime que « le chef de village préfère s’aligner dans le rang du projet pour sauvegarder ses propres intérêts. Si on nous dit que c’est la population qui a démarché le produmel pour lui donner un troisième site, il y a de quoi se poser des questions sur la crédibilité de certaines personnes », s’est-il indigné.
Il va plus loin, « aujourd’hui tout le monde sait qu’il y a trois personnes dont un conseiller, un chef de village qui ont porté ce projet à la demande de la mairie pour nous l’imposer » a dénoncé Mbagnick Thiaré. Les éleveurs ont également porté un démenti à ces gens qui soutiennent que les jeunes qui y travaillent ont construit de belles villas. « Ils ne racontent que des contre-vérités », estiment-ils. Jouant à faire la simulation financière, il montre, « d’abord, la journée de travail est payée à 2.500f et la campagne ne dure que 3 mois seulement. Ensuite, vu le nombre d’ouvriers, rares sont ceux qui travaillent 3 jours par semaine. Donc, on se demande comment quelqu’un peut y gagner la dépense quotidienne ». Pis encore, il confie : « jusque-là, la Mairie n’est pas en mesure de donner des documents concernant les contrats qui le lient à Produmel. Donc jusque-là il n’y a pas encore eu une évaluation de ce partenariat sur les deux premiers sites », s’est désolé le porte-parole des éleveurs.
Pour sa part, le Président du foirail de la commune de Nguéniéne, a mis en garde la municipalité sur la brutalité exercée par les éléments de la gendarmerie sur les éleveurs occasionnant 5 blessés dans leurs rangs. Selon Ndéné Diogoul, la commune est responsable de tout ce qui pourrait arriver dans cette zone par la suite. « Aujourd’hui, on nous demande de rester tranquille au même moment on autorise au projet d’entamer les travaux. Je dis bien que jamais nous n’accepterons cette injustice », a prévenu Ndéné Diogoul président des éleveurs du village de Ballabougou.
IDY NIANG