IDY NIANG :
La reprise des enseignement-apprentissages est prévue officiellement le 02 juin prochain. Depuis la prise de cette décision, sa faisabilité a alimenté beaucoup de débats dans le pays. A Mbour, les acteurs de l’éducation se sont retrouvés pour trouver les voies et moyens pour faire de cette mesure une réalité. Mille et une questions ont été soulé devant le Préfet Mor Talla Tine ce vendredi.
Le Ministère de l’Éducation a déjà mis en marche la machine pour la reprise effective des enseignements-apprentissages dans les écoles publiques et privées du Sénégal pour les classes d’examen. Au niveau déconcentré, tous les acteurs sont à pied d’œuvre pour réaliser ce vœu pieux de la tutelle. Toutefois, dans la faisabilité, certains points sont encore des équations dans la tête des certains. Lors d’un CDD organisé par le Préfet du Département ce vendredi, chefs d’établissements, parents d’élèves, syndicats d’enseignement, force de défense et de sécurité, services de la santé, chefs religieux et autorités administratives ont réfléchi sur les moyens à mettre en œuvre en vue de reprendre les classe le 02 juin prochain.
La sécurité publique et sanitaire.
Lors, de cette réunion, beaucoup d’inquiétudes ont été soulevées afin d’en trouver des solutions avant la date prévue. Sur le plan de la sécurité, les forces de l’ordre et de sécurité ont d’emblée exprimé leur incapacité technique à assurer la sécurité des établissement scolaire de façon permanente vu leur surcharges de servitudes avec le couvre-feu, la gestion des frontières administratives pour stopper la transmission communautaire, et les autres servitudes classiques. Toutefois, ils promettent d’être aux aguets et d’intervenir à chaque fois que sollicités pour des opérations sporadiques.
Concernant l’hygiène des écoles, le Service compétent a assuré avoir reçu des instructions pour la désinfection des lieux avant le 25 mai. Dans ce cadre, le Préfet Mor Talla Tine a demandé aux collectivités territoriales « de démarrer les opérations de désinfection parce qu'il y va de la santé de nos enfants », martèle-t-il. Il a, à cet effet, invité les sous-préfets à travailler avec les maires dans ce cadre. « Si les collectivités territoriales veulent vraiment aider l'état, c'est le moment ou jamais. En tout cas un monitoring sera fait pour tout soit en ordre avant la date prévue », a fait savoir le Préfet. Dans le même sillage, le Maire de Joal-Fadiouth, Boucar Diouf a estimé que le Franco-arabe est oublié dans tout ce qui est dit. Pour lui, « un maire serait mal à l'aise de désinfecter une école publique et de laisser une privée. Donc, nous prendrons toutes les dispositions nécessaires en rapport avec les compétences techniques de notre commune », promet il.
La peur des parents d’élèves !
Les parents d’élèves ont été bien représentés lors de cette rencontre. Le Président de la Fédération des Parents d’élèves du département a exprimé leurs inquiétudes face à cette décision de pousser les enfants à reprendre le chemin de l’école. Mouhamed Keyta d’indiquer : « Nous avons peur. On ne sait plus quoi faire, on ne sait plus quoi dire. On a attend la réponse de vous ». Selon lui, les parents d’élèves sont des citoyens respectueux des décisions de leur État mais ils sont tout de même soucieux de la sécurité et de la santé de leurs enfants. « Nous allons respecter la décision du Président de la République mais il faut que les mesures prises en ce sens ». pour ce qui concerne la désinfection des établissements, il remarque que le temps imparti à cette mission est compté vu le nombre d’établissements scolaires que compte le Département particulièrement dans les grandes écoles. « Au niveau des grandes écoles, faire le désinfection en 10 jours serait plus ou moins difficile », fait il comprendre.
La question de l’alimentation des élèves dans l’école.
Pour cette reprise du 02 juin, il est formellement interdit de vendre de la nourriture dans a cour des écoles ainsi qu’aux abords immédiats. une mesure qui ajoute un peu de poiles sur la peau de la bête. Pendant que les cours seront programmés de 09 à 16h, cette mesure inquiète davantage les acteurs de l’éducation, surtout les chefs d’établissement qui sont chargés de la sécurité intérieure de leurs établissements. Toutefois, le service de l’hygiène a promis de faire des patrouilles régulières dans le sens d’interdire la vente des denrées alimentaires dans les établissements.
Les mises en garde du District sanitaire
Le Docteur Fall venu au nom du District sanitaire a rappelé aux participant la gravité de l’heure. « Si vous ne prenez pas les mesures de sécurité correctement vous allez vous infecter et infecter vos familles et vos proches ». Selon le Docteur, « port de masque, lavage de mains, distance sociale sont seuls les moyens d'éviter cette maladie à ce jour ». dans ce cadre, le Proviseur du lycée Demba Diop a interpelé les autorités compétentes sur la spécificité de son établissement. A en croire Yankhoba Niassy, « il ne se passe pas une journée sans que plusieurs élèves ne pique une crise au lycée. D’habitude, ce sont ces camarades qui le portaient pour l’amener à l’infirmerie. Mais dans ce contexte de Covid 19, personnes n’osera apporter son assistance dans ces cas de figure puisque chacun de nous est porteur potentiel virus », remarque-t-il.
La position de Mamadou Lamine Sakho, IEF (Inspecteur de l’Education et de la Formation) de Mbour 1 :
« La décision est déjà prise et on doit faire en sorte qu’on réussisse la reprise le 2 juin et que les enseignements/apprentissages puissent redémarrer. Sur les conditions sur le plan sanitaire, pédagogique que nous avons élaboré pour chaque établissement, pour chaque IEF mais également pour chaque établissement pour voir comment faire en sorte que ces enseignements/apprentissages puissent reprendre. Donc, il ne s’agit pas de décider, il s’agit de voir comment pratiquer, comment régler en amont les problèmes pour être opérationnels le 2 juin.
Pour les examens, ...
On avait déjà fait les deux tiers du programme au mois de mars. Il nous restait alors six à huit semaines à valider pour boucler le programme. Maintenant, le temps imparti permettra de résorber le gap. Si on redémarre le 2 juin jusqu’en fin juillet, on pourra faire l’entrée en sixième, le CFEE et à partir du mois d’août, faire le baccalauréat et le BFEM. Donc les dates sont bonnes ; cela a été bien maitrisé.
Il n’y a pas de risques zéro mais on fera en sorte de les minimiser ; faire en sorte que les élèves, les enseignants et le personnel administratif soient dans des conditions de sécurité sur le plan sanitaire. Et que sur le plan pédagogique, que les gens puissent faire de sorte que les apprentissages puissent être effectifs ».
Le coup de gueule des syndicalistes
« L'heure est grave, notre pays est en danger. Vous devez pouvoir lire le malaise des acteurs. Personne n'est content. Et j’ai honte de ma nation ! » C'est la première remarque faite par Djockel Faye SG Départemental du CUSEMS, dans sa prise de parole à la réunion consacrée à la préparation de la reprise des enseignants/ apprentissage, convoquée par le Préfet du département de Mbour ce vendredi 15 Mai 2020, qui se déroule présentement. Le Coordonnateur du G7 met les autorités devant leur irresponsabilité pour ne pas dire leur responsabilité. « Vous avez dit ne pas vouloir prendre le micro pour ne pas être infecté. Le Président de la République fait ses conseils de ministre par visioconférence, les IA même ne peuvent pas tenir leurs réunions », leur lance t-il. Avant de poursuivre : « moment où les cours s'arrêtaient, on était à 20 cas positifs au Sénégal. Or, aujourd'hui nous en sommes à plus de 2000 ». Ce qui lui fait constater un forcing et une mise en danger de l'école par cette décision des autorités. « Le danger est qu'au moment où nous serons dans nos classes vous serez dans vos bureaux », se lamente le syndicaliste. Les effectifs pléthoriques dans les classes, inquiètent les enseignants. « Est-ce que vous n'êtes pas dans les dispositions de rouvrir les classes que pour nous jetez en pâture. Si c'est le cas, endossez toutes les responsabilités », martèle-t-il.