Le monde bouge. Quel est le sens de la trajectoire de ce mouvement ? La femme est-elle aux commandes pour impulser ce mouvement? Si oui, quel est son poids pour donner le tempo et pousser la locomotive vers l’avant ? Une appréciation objective de nos institutions et des différents secteurs d’activités, permet de dire, sans équivoque, que la Sénégalaise du 3ème millénaire a troqué son manteau d’éternelle femme au foyer contre celui de leader, d’ entrepreneur, engagée sur tous les fronts où l’appelle le développement. Elle a osé marcher, la tête haute, dans le sentier plutôt étroit du leadership, tout en restant une épouse attentionnée. Bien que fouettée par la «sécheresse du vent conjugal» la femme, sans se casser le talon de l’escarpin, avec grâce et élégance, avance dans les couloirs des instances de décision. Quid de la Mbouroise ? Fait-elle partie de cette élite qui flirte avec la technocratie, l’idéologie et la politique ? La Mbouroise est-elle de celles qui font avancer la locomotive du monde? La réponse reste mitigée. Mais, ne pas la donner serait se voiler la face, ou refuser de faire bouger les choses. Alors, qu’on le dise, pour pousser la locomotive !
Les femmes du département de Mbour ne sont pas fréquentes dans le cercle si prisé du leadership féminin. C’est rare de voir une native de Mbour évoluer dans les grandes instances de décision. Elles ne sont pas légion. Avec le rouleau compresseur du temps, on se projette dans les années 60. Caroline Faye, première femme à intégrer l’assemblée nationale, a été la première dame ministre de la République. Institutrice et épouse du député Demba Diop, la Mbouroise a vaillamment défendu les intérêts du peuple sénégalais. Une grande fierté pour Mbour. Mais les générations suivantes n’ont pas su suivre ses pas de… géante. Elles ont du mal à se faire une place dans ce groupe de «leaders, utiles à la société». Dernièrement, la gente féminine de Mbour a réajusté son corsage, avec l’accession d’Anne Marie Dione au Sénat. Et avec l’élection de Sira Ndiaye au poste de député, le leadership féminin ressuscite. Petit à petit, il reprend son souffle. On dira que la politique a sauvé l’honneur, au moment où la culture, se croyant au sommet de sa réussite, avec le sacre de Marie Thérèse Ndiaye comme miss Sénégal, a fait son spectaculaire «Fashion faux pas.» Abusivement affublée de la couronne de «Miss la plus impopulaire», notre nymphe a toujours crié le manque de soutien des autorités. Une «indifférence» qui a étouffé le «fœtus» de son leadership dont la gestation a commencé un soir de samedi 09 mars 2013, lendemain de la Journée de la Femme. Ironie du sort ?
Pourtant, cette «indifférence» est moins douloureuse que le calvaire enduré par certaines de ses compatriotes. Elles s’appellent Fatou, Aïssatou, Marième, Cécile, Maguette… Elles sont épouses, mères, filles et… orphelines. Loin du monde qui bouge, elles vivent dans la précarité la plus totale. Rongées par la pauvreté, ces demoiselles n’ont pas la chance d’aller à l’école, le droit de concourir au leadership arraché. Elles sont obligées d’arrêter les études pour subvenir, comme elles peuvent, aux besoins de la famille. Bonnes à tout faire, elles deviennent des proies faciles qui souvent, se laissent enivrer par l’argent facile. Sinon, elles sont précocement mariées et nombreuses sont celles qui souffrent le martyre dans ces ménages. Elles sont maltraitées, torturées et battues parfois à mort. D’autres multiplient les grossesses et, faute de structures sanitaires de qualité, flirtent toujours avec la mort. Une situation qui les expose au risque de perdre la vie en donnant la vie. Ces cas qui sont fréquents dans les villages environnants de Mbour, persistent malgré les efforts et les moyens déployés dans les domaines de l’éducation et de la santé.
Hideux et repoussant, ce tableau noircit le peu de leadership féminin existant dans la ville de Mbour. Mais, en marge de la Journée du 08 mars, Mbour infos est allé à la rencontre de ces femmes qui sortent du lot. Par le bas comme par le haut. Ces femmes qui se battent pour rehausser l’image et renforcer la place de la femme dans ce monde qui bouge.
PAR MARIE LOUISE NDIAYE