Pour sa première exposition d’art plastique à la Case de l’outil de la commune de Nguékokh, le peintre Mamadou Ndaw axe son travail sur l’être humain à travers L’unicité, un art pour l'homme. L’artiste estime que son pays gagnerait à accorder plus d’importance aux valeurs véhiculées par la peinture
La commune de Nguékokh a reçu samedi le peintre sénégalo-suisse Mamadou Ndaw pour une exposition marquant ses
dix ans d’activités artistiques. Dix tableaux illustrent les années de son parcours dans les arts. Le plasticien
qui croit profondément à l’homme a axé son thème sur L’unicité, un artpour l’homme. Mamadou Ndaw tire sa source d’inspiration de l’être humain qui selon lui, «renferme tout». «Le monde est un tableau d’art etl’homme est au centre de cette
oeuvre», fait-il savoir lors d’une rencontre à la Case de l’outil de Nguékokh où il expose. Ses toiles technique mixte dont la peinture à l’huile et des objets de récupération. Il puise son inspiration des multiples arts qu’il a eus à étudier
durant son parcours : le dessin, la peinture, la sculpture et l’architecture, la photographie, le cinéma, la
vidéo et l’infographie. Mamadou Ndaw alias «Xoolli-Wanahou », émigré en Suisse depuis 2003, a eu des références qui ont raffermi son amour pour l’art. Il s’agit du peintre Zoula Mbaye, du cinéaste Moussa Sène Absa et du sculpteur
espagnol Salvador Dali. «Je compte pérenniser cette exposition afin que les férus de la peinture puissent trouver un espace de partage de leur passion», indique l’artiste. D’ailleurspuisqu’il a bénéficié des conseils deses aînés, ce disciple de Baye Niass,compte multiplier des activités pareillesau Sénégal pour se faireconnaître et pour en faire profiter àla jeune génération. Car dans sonpays d’adoption, Mamadou Ndawtravaille beaucoup avec les enfantsde 05 à 20 ans à travers des ateliersd’art urbain.
«Au Sénégal, les gens ignorent encore la valeur de l’art»
Ce peintre de 33 ans, qui va vu le jour dans la commune de Nioro (dans la région de Kaolack au centre du pays), soutient que le Sénégal a beaucoup à gagner en s’appuyant sur les valeurs artistiques. «Au Sénégal,les gens ignorent encore lavaleur de la peinture et de l’art en général.Et c’est dommage ! On n’a pas la culture de l’art. Et cela se vérifie à travers les infrastructures culturelles comme les musées. L’art n’est pas vulgarisé dans les écoles. Ce serait bien qu’on initie dès le bas âge les enfants à l’art», regrette le peintre.Selon lui, l’Occident insiste sur l’artparce qu’il connaît son importance.
Pour Xoolli-Wanahou, les artistes sénégalais doivent être bien considérés.
Il dénonce aussi la non valorisation des griots qui constituent des «livres ambulants» servant de guide. «Mais, nous les sous-estimons», fustige-t-il. Pour le peintre, qui a très tôt taquiné la peinture, les
Sénégalais pourraient faire un grand bon en avant en acceptant de vivre avec leur temps. Cela passe, selon lui par l’acceptation des vertus de l’art en général. «Pourquoi aujourd’huiau Sénégal on prend ladanse comme une extravagance ?
Cela ne repose sur rien. Même dans la religion, il y a la danse et le chant. Donc, il faut arrêter ces enfantillages. J’attends souvent dire qu’on doit interdire la musique aux enfants. Pourtant, c’est cette musique qui les maintient sur le droit chemin. Etant enfants, nous avons été bercés par le rap, le graffiti et cela nous a rendus plus forts, meilleurs», confie M. Ndaw.
L’artiste ayant grandi dans une famille de onze enfants, soutient que l’art ne s’apprend pas, on nait avec.
Ainsi, ces connaissances dans le dessin, la peinture, la sculpture, la photographie, le cinéma, la vidéo et l’infographie qui sommeillaient en lui et se sont révélés au fil de son parcours. «Je demeure persuadéqu’on nait artiste. L’art ne s’apprend
pas dans une école. C’est dès le bas âge que j’ai commencé à s’essayer à la peinture et au dessein. Je ne l’ai appris nulle
part», fait-savoir l’artiste. Mamadou Ndaw qui a grandi à Nguékokh a pris conscience de son talent et de la nécessite de l’exploiter en 1999. «C’est à cette annéeque j’ai arrêté les études pour meconsacrer à la peinture», confie-t-il.
El Hadji Alassane Diallo/WALF QUOTIDIEN