Pendant que le Coronavirus se propage à pas de géant dans le pays, la communauté scientifique est en train de son côté de chercher les moyens les plus efficaces d’éradiquer ce fléau le plus rapidement possible. Au Sénégal, grâce à la chloroquine 315 patients sont maintenant guéris. Toutefois, un autre produit est brandi par les malgaches : l’artémisia. Quel est leur niveau d’efficacité face au Covid 19 ? Le stock disponible rassure-t-il les professionnels du médicament ?
EnQuête s’est intéressé à ces questions avec le Professeur Yérim Mbagnick Diop, Directeur de la Pharmacie et du Médicament.
Aujourd’hui nous sommes dans un contexte où le Covid 19 est en train de se propager dans le Sénégal malgré les avancées notées sur le plan médical où l’on note même des cas de patients guéris grâce à la chloroquine. Pourriez vous nous donner la situation du Sénégal par rapport à la chloroquine et au Covid 19 à ce jour :
La situation du Sénégal dans la disponibilité de la chloroquine est confortable. On en a suffisamment pour tenir au moins jusqu’à 5000 à 6000 doses. Ensuite, on attend d’autres livraisons, normalement. Mais, avec les grossistes se pose un petit problème, parce que comme vous le savez, il y a des restrictions au niveau de l’Inde et au niveau de certains pays. Il alors faut un peu activer la voie diplomatique pour pouvoir permettre à ces industries de pouvoir exporter vers le Sénégal. Mais pour le moment, il y en a suffisamment.
Donc l’information qui circulait et qui faisait état d’une potentielle rupture de la chloroquine au Sénégal n’est pas avérée ?
En fait, cette information c’était en son temps. C’était une rupture virtuelle plutôt. Du fait de l’avènement du Covid 19, puisqu’on ne savait où on allait, on avait choisi de bloquer un peu le stock disponible, pour une éventuelle prise en charge de cas Covid. Parce qu’en moment également il y avait la polémique autour de son efficacité et autre. Mais c’était des précautions pour la prise en charge des cas Covid. Ça a créé un peu de tension, mais c’est dépassé depuis.
Les autres malades qui utilisent la chloroquine pour leurs soins peuvent-ils se rassurer de la disponibilité du médicament pour eux également ?
Affirmatif je dirai. Nous avons pris une circulaire en direction des professionnels du médicament, pour leur dire de contingenter la quantité de médicament actuellement. Parce qu’on ne voudrait pas qu’il y ait de la panique et que les gens se mettent à stocker des médicaments. Donc les malades de rhumatisme, de lupus peuvent aller dans leur officine choix demander leur médicament. Mais, avec une prescription médicale. Et sur cette base on peut leur fournir le médicament. Et même si ce n’est pas disponible dans leur pharmacie, la pharmacie peut commander chez les grossistes. Du côté des grossistes également nous avons vraiment contingenté pour plafonner les commandes pour que les gens ne stockent pas la chloroquine et ne détournent pas son utilisation vers des cas supposés de Covid. La prise en charge des malades du Covid se fait en, effet, au niveau des centres de traitement qui sont édifiés à cet effet. Donc il n’y a pas d’automédication avec la chloroquine dans le cadre du Covid 19. Et c’était cela qu’on voulait éviter. Donc, il n’y a pas de problème. On travaille à maintenir le stock, c’est un travail continu et on espère qu’on sera à l’abri de rupture.
Monsieur Diop, nous avons vu le Président de la République passer une commande d’artémisia au niveau du Madagascar, pouvez vous nous dire quelle est la différence entre la chloroquine et l’artémisia dans le cadre du Covid 19 ?
Déjà pour un éclairage du public, pour le Covid 19, il n’y a pas de traitement efficace attesté scientifiquement par la communauté scientifique, y compris la chloroquine. Il y a la chloroquine, il y a également des antiviraux et beaucoup de médicaments qui sont en train d’être testés, mais pour le moment ils ne sont pas encore déclarés médicaments Covid purs et durs. De la même façon, l’artémisia a été évoqué par les malgaches, - qui je le rappelle n’ont pas beaucoup de cas d’après les informations – qui disent utiliser ce produit curatif. Maintenant sur la base de la commande du Président de la République, nous techniciens et scientifiques, on ne peut qu’encadrer cette utilisation. Donc, on va incessamment réunir le Comité d’experts du médicament, qui va se prononcer sur les voies et moyens d’encadrer sur le plan éthique, scientifique, technique et règlementaire l’utilisation de l’artémisia. Une réunion se tiendra dès demain. Et cela c’est une commande du comité de gestion de l’épidémie avec le Docteur Marie Khemesse. Si je te donne un avis scientifique dors et déjà, il a d’autres propositions de plantes médicinales qu’on aura sur la table pour étudier celles qui ont des possibilités curatives. On évaluera toutes ces possibilités pour voir celles qui pourraient ou non être utilisées dans le cadre de la riposte contre le Covid 19.
Cela dit, je voudrais en profiter pour dire qu’il y a beaucoup de personnes qui commencent à vendre des tisanes à base d’artémisia qui sont en train d’exploser dans certaines zones du Sénégal. Je veux rappeler aux gens que même si ça existe au Sénégal, s’ils le présentent comme complément alimentaire, les compléments alimentaires sont réglementés au niveau de la zone UEMOA. On ne peut pas se lever un beau jour, faire son mélange et dire que qu’on vend un complément alimentaire. Nous allons essayer de mettre de l’ordre dans tout ça, parce nous sommes dans un pays organisé sinon les gens vont se mettre à spéculer parce que comme vous le savez, les périodes de crise sont les périodes des mauvais commerces. Nous l’avons vu avec les masques dont les prix sont passés du simple au centuple. Un masque qui coutait 50f coûte maintenant 500f. Mais c’est au niveau international ; ce n’est pas simplement le Sénégal qui subit cette surenchère. On essaie quand même de réguler. Il faut que les gens se calment. Il y des techniciens qui prennent en charge cette question. On va voir dans quel protocole on va introduire l’artémisia et l’encadrer. Si c’est avéré efficace pour la prévention ; on va l’organiser également. C’est comme ça que marchent les choses.