Plusieurs espèces naturelles sont menacées de disparition si on n’y prend garde. Conscients de cette situation, les acteurs de la protection de la biodiversité et l’UICN (l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature) ont initié deux journées de conclave à Saly Portudal pour identifier les causes de ces menaces afin d’en proposer des solutions durables.
Des recherches auraient montré que la biodiversité est fortement menacée au Sénégal et dans la sous-région. Dans ce cadre, l’UICN a organisé un atelier de réflexion pour pointer du doigt ces menaces et tenter d’en proposer des solutions. A cette occasion, Mahamad Mahmoudou Charahabil a informé que chaque année, il y a une période, où on fait des inventaires nationaux pour évaluer l'état de la biodiversité des animaux, des végétaux, des poissons, des oiseaux : toutes les composantes de la biodiversité mais aussi, des écosystèmes, des endroits où on retrouve ces espèces. « Il y a des équipes de recherche, comme les structures compétentes, les directions des parcs nationaux, les universités, les structures de recherche qui travaillent dans les inventaires de ces écosystèmes et de ces biodiversités. Ils font des rapports périodiques pour alerter les populations sur tels dangers qui peuvent causer la perte ou les menaces sur les espèces », indiquee-t-il. Dans cette lancée, le Maitre de conférences à l’Université Assane Seck de Ziguinchor renseigne : « dans les récents rapports réalisés par les structures compétentes, il ressort que quelques composantes de la biodiversité sont dans un état assez alarmant, certaines espèces qui sont menacées, d'autres qui sont en voie de disparition. Mais surtout sur des habitats, ce sont des endroits qui hébergent certaines populations d'espèces qui peuvent être des animaux ou des végétaux. Ces habitats sont en train d'être dégradés ». Il précise : « et quand l'habitat est dégradé, nécessairement les espèces qui y vivent vont chercher à habiter ailleurs. L'État du Sénégal fait des efforts énormes pour la conservation de la biodiversité du Sénégal mais, malgré tous ses efforts, il y a encore des choses à faire pour la conservation de la biodiversité de notre pays. » Pour sa part, le Directeur Régional de l’UICN Pour l’Afrique Centrale et Occidentale estime que certaines causes de ces menaces proviennent de l’activité de l’homme. « Parmi les causes de ces menaces, il y a très certainement les activités économiques. Autant les activités économiques permettent de produire de la nourriture, permettent de générer des revenus, permettent de transformer le milieu ; autant ces activités économiques sont parfois à l'origine de la destruction, de la dégradation de la biodiversité » a assuré Alioune Faye. A l’en croire, l'atelier permettra d'identifier parmi ces secteurs qui sont à l'origine des grandes menaces, en identifier deux secteurs économiques et « le projet travaillera pendant toute sa durée avec ses deux secteurs pour amener les acteurs à une prise de conscience de l'impact de leurs activités sur la biodiversité, et l'importance d'en assurer la durabilité parce qu’ils cherchent à produire de la richesse. Et conscients de tout cela, les acteurs arriveront à prendre des engagements volontaires pour associer leurs activités de développement économique à des activités de maintien de la biodiversité. » D’ailleurs martèle-t-il, dans chaque pays, le point d'entrée du projet est le point focal de la convention sur la biodiversité. Donc, précise-t-il en principe le ministère de l'environnement. « L'engagement que nous cherchons, c'est que les gouvernements accompagnent le projet à discuter, à échanger avec les acteurs économiques, ça peut des acteurs privés, ça peut être des acteurs miniers. Par exemple au Burkina Faso, c'est le secteur agricole qui a été identifié comme le principal secteur qui menace la biodiversité. Or on ne peut pas vivre sans agriculture, c'est un secteur essentiel. Il faut donc arriver à concilier l'agriculture et le maintien de la biodiversité. Ici on ne sait pas encore au bout de deux jours quels seront les secteurs qui seront identifiés », explique le Directeur Régional. Allant dans le même sens, il rappelle, depuis 1994, nous avons élaboré des conventions mais ce qui se passe souvent, c'est que nous ratifions des conventions, nous élaborons même des stratégies, des plans d'actions pour la mise en œuvre de conventions mais, cela n'est pas suivi. Pour Aliou Faye, « ce projet est un outil pour accompagner, pour faciliter la mise en œuvre de cette convention qui invite le secteur privé, qui invite les communautés, les états à un maintien de la biodiversité, à une exploitation durable des ressources naturelles. Ce qui va changer, c'est que nous chercherons à obtenir enfin l’implication, l'engagement du secteur privé à la mise en œuvre de la convention. » Quant à Charahabil, il estime : « quand on perd la biodiversité on perd un patrimoine. Il faut déjà une prise de conscience, il faut que les populations sachent que tous ce qui nous entoure nous en avons besoin pour notre économie, pour notre santé, pour notre bien-être. Et que tout un chacun doit être responsable de la conservation de cette biodiversité. Ca ne doit pas être seulement l'affaire de l'État, ni d'un chercheur, ni de quelqu'un d'autre. Il faut que l'État mette les moyens nécessaires pour que les chercheurs puissent faire les études nécessaires pour la connaissance de cette biodiversité. »