L’interdiction de vendre du pain dans les boutiques dans les départements de Thiès, Tivaouane et Mbour n’est pas bien accueillie par les commerçants détaillants de Mbour qui ont exprimé une première fois leur opposition à cette mesure par une grève de 4 jours. La situation ayant empiré de leur côté avec des descentes impromptues du service de contrôle économique, ils menacent de fermer boutique si une solution n’est pas trouvée.
La vente du pain dans les boutiques est interdite dans les départements de Thiès, Tivaouane et Mbour depuis plusieurs mois déjà. Mais les boutiquiers qui s’adonnent à cette activité commerciale trouvent cette mesure abusive et disproportionnée. Selon eux, il y a un préalable avant d’arriver à une telle interdiction. Dans ce cadre, Malick Abou Mangara, président de l’association des commerçants détaillants de Mbour explique que l’état devrait chercher d’abord à mettre en règle les boulangeries avant d’interdire de vendre du pain dans les boutiques qui ne sont que des revendeurs. Faute de quoi, ils vont continuer leur lutte de façon plus ardue mais tout dans le civisme le plus absolu. « Puisque nous ne pouvons pas faire face à la loi, nous disons au gouvernement que nous n’allons plus vendre du pain dans les boutiques tant que les choses qui doivent être réglées ne le seront pas : que les boulangers mettent en place des points de vente et que les boutiquiers répondent à la charge et fassent des aménagements pour vendre le pain. Nous attendons aussi du gouvernement, de larges concertations et qu’il sache que nous n’excluons pas de fermer nos boutiques », a indiqué le président. Sur cette lancée, il estime que les contrôleurs économiques leur font subir un excès de zèle dans l’exercice de leur mission. « Il faut qu’ils sachent que le détaillant, son rôle c’est de faire de sorte que le pain soit plus proche de la population. Le détaillant n’est jamais allé voir le boulanger pour lui dire emmène-moi du pain. Donc, si on doit commencer à infliger des sanctions, on doit commencer par le boulanger », pense M. Mangara. Il ajoute : « c’est pourquoi, nous n’avons pas compris pourquoi les services de contrôles économiques commencent par les boutiquiers. Avec cette intervention, il faut s’attendre à ce qu’on nous demande de ne plus vendre du lait ou de la patte dans le futur. »
Allant dans le même sens, Malick A. Mangara précise, « je pense même, avant de commencer par les boutiquiers, il faut aller voir du côté des boulangers qui ne sont pas en règle, déjà sur 2000 boulangeries, seules 14 sont en règle. Dans le département de Mbour, sur 400 boulangeries, seules 4 sont en règle. Donc, nous le savons tous, les boulangeries ne sont pas prêtes pour mettre leurs points de vente même pour les voitures qui doivent livrer le pain. » Mais, a lieu de s’atteler à ces préalables, dénonce le Président, « ces temps-ci, au niveau de Mbour, nous avons tous constaté que le Chef du contrôle économique a effectué, avec ses éléments, une descente dans les boutiques du village de Nianing pour ramasser les pains. Ensuite, il a menacé d’infliger des amendes à ces derniers ou bien de les emprisonner s’ils persistent ». Devant cette situation, il indique la voie qu’il fallait emprunter était juste de trouver comment accompagner le boutiquier pour qu’il arrive à écouler son pain et non de lui coller des amendes ou de lui proférer des menaces. Il poursuit : « nous sommes très fatigués par les contrôleurs économiques. Ces derniers, une fois dans nos boutiques, on pense même que nous sommes au Gabon ou en France. Nous ne sommes pas leurs ennemis, nous sommes des partenaires. Mais, c’est eux qui ont installé cette situation entre nous. Ils ne nous saluent même pas dans nos boutiques, une boutique qui contient plus de 400 produits différents, tu fais le contrôle et que tu ne trouves aucun produit périmé. Tu te retournes, voyant le riz par terre, tu cherches à lui coller un motif et tu lui dis que le sac de riz ne doit pas être posé à terre, alors que le boutiquier vend le riz par détail. Dans nos maisons même, nous savons tous que le sac de riz est posé par terre quelque part dans la cuisine », a fait remarquer Malick Abou Mangara.
Par ailleurs, il s’offusque de l’attitude des syndicats de commerçants dont il ne voit aucune réaction. Selon lui, « dans cette lutte, nos syndicats ne nous aident pas, ils ne sont là que pour leurs intérêts. »
Enfin, il rappelle, « ces derniers temps, au niveau des départements de Mbour, Tivaouane et Thiès nous avions observé une grève de quatre jours, nous avons refusé de vendre du pain dans nos boutiques. Nous protestons contre l’arrêté du Ministre du commerce interdisant aux boutiquiers de vendre du pain même s’il faut respecter une charte pour pouvoir le faire. Ceci concernait le boulanger, le livreur et le boutiquier ».