Pendant que la deuxième vague est en train de faire son petit bout de chemin dans le pays, les acteurs de la pêche artisanale regroupé autour de la CAOPA (Coalition des Acteurs et des Organisations de la Pêche Artisanale) ont peur que la relance économique tant attendue se fasse plus au profit des certains secteurs qui vont étouffer l’économie bleue et lance l’alerte.
Partout dans le monde l’économie est plombée par la pandémie de Covid 19. Certains pays ont déjà commencé à réfléchir sur les voies et moyens de relancer leur économie dans tous les secteurs. Au Sénégal, la réflexion est enclenchée depuis plusieurs mois déjà malgré l’évolution de la deuxième vague. Toutefois, dans ce cadre, les pêcheurs artisanales ont peur d’être oubliés dans ces stratégies de relance ou d’être relégué au second plan dans la priorisation des secteurs à relancer. Dans cette dynamique, la CAOPA a fait une déclaration pour tirer la sonnette d’alarme. Selon ce document, la relance de certains secteurs risque de créer une asphyxie de la pêche. « Ce processus ne doit pas être mis en péril par la promotion d’une l'économie bleue basée sur l'expansion de secteurs polluants, au détriment du développement de la pêche artisanale durable, tels que le pétrole et le gaz offshore, l'aquaculture intensive et le tourisme de masse », ont estimé Gaoussou Guèye et les membres de son association. « Cependant, préviennent-il, le risque est grand que certains gouvernements veuillent relancer l'économie en continuant à donner la priorité aux industries polluantes au motif qu'elles génèrent d'importants gains économiques à court terme, comme l'exploitation de gaz et de pétrole offshore, l’aquaculture industrielle côtière, le tourisme de masse. Ces secteurs peuvent avoir des impacts négatifs sur la vie des communautés de pêche artisanale, les plus vulnérables dans cet environnement concurrentiel. Le développement de ces secteurs déplace souvent les communautés de pêche artisanale, réduit ou supprime leur accès aux ressources naturelles et leur contrôle sur celles-ci ».
Selon eux, « il est donc impératif que les pays reconnaissent les conflits et les vulnérabilités inévitables que la croissance bleue produit et qu'ils organisent une discussion entre toutes les parties prenantes sur la manière dont ces conflits peuvent être traités. La pandémie de la COVID-19 et la crise économique nous offrent la possibilité de repenser radicalement le développement côtier en Afrique et dans le monde, en créant un environnement porteur pour la pêche artisanale durable, par la mise en œuvre des Directives de la FAO ». Ils sont convaincus que même si la valeur de la pêche artisanale est de plus en plus évidente, ainsi que cela est montré par le travail de la FAO sur la contribution de la pêche artisanale au développement durable, son avenir est actuellement incertain, notamment en Afrique. En effet, « la pandémie de la COVID-19 et les mesures prises pour la combattre sont une source de difficultés et de souffrance pour les hommes et les femmes qui travaillent dans la pêche artisanale africaine. Du pêcheur aux transformatrices et aux mareyeurs, toutes les personnes actives dans la chaîne de valeur de la pêche artisanale sont touchées par cette crise, qui aura des répercussions à long terme sur notre secteur. Plus que jamais, en cette période de crise, les bonnes décisions doivent être prises pour soutenir le développement durable de la pêche artisanale en Afrique », soutiennent-il dans la déclaration. En croire la même source, « pour beaucoup de gouvernements, la relance des économies après la pandémie se fera par la promotion de l’économie bleue. Pour la CAOPA, la promotion d’une économie bleue en Afrique doit mettre la priorité sur les droits humains. Etant donné l’importance de la pêche pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté dans nos pays, la priorité de la promotion d’une économie bleue doit être de contribuer à mettre en œuvre les Directives volontaires pour une pêche artisanale durable, à travers des plans d'action nationaux et régionaux transparents, participatifs et tenant compte de la dimension du genre ».