La lutte contre le trafic de migrants est une problématique complexe pour les autorités policières et judiciaires du Sénégal. Même si une nette baisse est notée l’année dernière, ces dernières ne veulent s’en arrêter à ce niveau. Selon elles, Mbour et Kédougou constituent l’axe du mal en matière de trafic de migrants. Avec l’union européenne, la traque des trafiquants va s’intensifier avec le POC (Partenariat opérationnel conjoint).
L’émigration irrégulière est toujours d’actualité au Sénégal si on en croit les efforts que continuent de consentir les autorités policières et judiciaires du pays. Regroupés à Saly Portudal, ces dernières veulent unir leur force pour arriver à bout de ce phénomène dont les stigmates sont plus visibles dans les communes de Mbour et Kédougou. Selon Alphonse Faye, « une multitude de défèrements a été faite au niveau du tribunal de grande instance de Mbour ». Il précise également que « Mbour et Kédougou sont les deux plaques tournantes du trafic de migrants et qu'une dizaine de dossiers sont en instruction ». Le substitut du Procureur de Mbour pense que « la migration touche tous les pays dont grand nombre se déplace pour trouver du travail. L'Occident considéré comme un Eldorado attire plus d'un. Nous en avons pour preuve les nombreuses pirogues et embarcations de fortune qui quittent souvent nos plages ». C’est pour cette raison que des magistrats du tribunal de grande instance de Dakar et de Mbour, des acteurs de la police et de la gendarmerie en charge de ces questions ont été formés durant trois jours sur les questions de migration. De ce fait, le Sénégal ne sera plus seul dans la lutte contre le trafic de migrants à travers ses frontières. En effet, l’Union Européenne s’est engagé à ses côtés pour intensifier la traque des trafiquants de migrants à travers ses frontières maritimes, terrestres ou aériennes. Dans ce sens, pour renforcer les capacités des différents maillons de la chaîne pénale sur « la prise en charge du trafic de migrants et autres infractions assimilées par les autorités policières et judiciaires », l'Union Européenne a doté le partenariat Opérationnel Conjoint (POC), mis en œuvre par Civipol, d'un montant de 6 milliards dans le cadre de la lutte contre le trafic illicite de migrants. Dans cette même dynamique, la crème de la sécurité des frontières et de la justice a été mise à niveau à travers un séminaire de haut niveau sur la prise en charge du trafic de migrants et autres infractions assimilées. Ces autorités policières et judiciaires ont réfléchi sur des stratégies pouvant éradiquer ce fléau de notre pays.
Dans la foulée, Mame Seydou Ndour renseigne, « en 2020 3000 migrants ont rejoint les côtes espagnoles; en 2021, 274 et l'année en cours a enregistré 57. Dans ce périple, les pêcheurs sont majoritaires ». Convaincu que, ''Barsa wala barsakh'' ne devrait pas être une fin en soi pour les candidats à l'émigration, le contrôleur général de la Police assure que le Sénégal a très tôt pris conscience de l'importance du phénomène de la migration irrégulière et a mis en place les outils pour y faire face. Cependant, estime le Directeur de la police de l'air et des frontières et coordonnateur du Partenariat opérationnel conjoint (POC), « en dépit des mesures répressives et de dissuasions mises en place pour juguler ce phénomène, le phénomène est encore et toujours là ». Il confirme qu'il y a de cela quelques jours, « il a été noté au niveau des côtes espagnoles l'arrivée d'une pirogue, qui a quitté les côtes sénégalaises ». dès lors, indique-t-il, « si en 2021, on a réussi une prouesse, il ne saurait être question de dormir sous nos lauriers », recommande le coordonnateur du Partenariat opérationnel conjoint (POC).